Le râteau est salvateur, Trajectoire Givrée vous propose d’en faire l’Eloge !

Eloge-Rateau-Une

par Vincent PUREN, publié le 13.03.2012

La démocratisation du numérique favorise l’émergence de nouveaux auteurs, mais aussi le développement de contenus créatifs innovants. Lancée en 2009, la « Bourse Orange / Formats innovants » encourage le développement de quelques-unes de ces initiatives inédites alliant innovation technologique, artistique et éditoriale. Projet lauréat en 2010 « Eloge du Râteau » est le résultat d’une collaboration entre Béatrice Cateland et Stéphanie Girerd à qui nous donnons la parole aujourd’hui. Cet entretien est le premier d’une série que le consacre à ces Lauréats.

 

 

Béatrice Cateland et Stéphanie Girerd se sont rencontrées chez M6, il y a plus de 15 ans dans les bureaux de Fréquenstar. Stéphanie, jeune diplômée de Science Politique, en fin d’études de Cinéma, avait rejoint l’équipe pour effectuer un stage de fin d’études d’une durée de 6 mois. Béatrice Cateland légèrement plus âgée, découvrait alors la difficulté du management d’équipe sans formation préalable, sur une émission qui tournait 7 jours sur 7.

Ce n’est que quelques années plus tard qu’elles se sont retrouvées chez Coyote, pour confectionner un magazine culturel sur France 5. « C’est bien plus tard, que j’ai convaincu Stéphanie de me rejoindre sur le projet des Râteaux, qui avait besoin de ses qualités techniques, son talent scénaristique et son énergie constructive. » déclarait Béatrice Cateland avec beaucoup d’enthousiasme. « Nous sommes complémentaires car ; fantasques, rigoureuses et libres à tour de rôle. C’est un équilibre. Nous avons des goûts dissemblables, nous abordons les sujets sous des angles différents, mais nous nous rejoignions toujours sur les fondamentaux. Notre qualité d’écoute mutuelle est notre force. » Elles ressemblent parait-il, à un vieux couple qui « continue à se surprendre », ce qui amuse leur entourage professionnel. Selon Béatrice « nous avons le sens de l’équipe et une affection sensible aux grandes familles artistiques. » ce que n’a pas manqué de remarquer le jury de la « Bourse Orange / Formats innovants ».

D’une nature plutôt curieuse, elles apprécient les terrains neufs. Elles se sont par exemple exercées à la restauration efficace de scénarios de fictions courtes, à la demande de Brigitte Coquelle (Trajectoire Givrée) et ont eu la chance de remplir le contrat tout en s’amusant.

 

Pouvez-vous nous présenter le concept de « Éloge du râteau » ?  En quoi votre approche scénaristique est-elle innovante ?

BC : Nous avons constaté que les relations hommes / femmes est un sujet récurent et plutôt mal en point. L’état de cette relation complexe et probablement amplifié, par le repositionnement des deux sexes dans ce monde occidentalisé. Donc, un bon sujet. En l’abordant par le gadin amoureux, nous appuyons sur le côté dramatique, grave et humoristique, de surcroît. Et puis, nous vivons dans un univers soit disant parfait, qui nous conditionne pour suivre des codes stricts et hiérarchisés, un monde lissé, où l’échec est banni du parcours des vies « réussies » les plus exemplaires. Notre projet prend le contre-pied en déclarant : « le râteau est salvateur, nous vous proposons d’en faire l’Eloge ».

Pour l’approche scénaristique, disons qu’elle est contemporaine, terme qui nous semble plus juste, que celui d’innovant. Le Cinéma peut se permettre d’innover, la Tv suit les vagues et invente de temps en temps, quant au net il est encore capable de liberté et représente le support à explorer. Profitons-en !

Les chasseurs de Râteau passent pour monsieur et madame tout le monde, ils évoluent dans des décors naturels, se fondent dans la masse, se mélangent aux passants, les abordent et peuvent ainsi exister, voire même, naitre sur les réseaux sociaux comme vous et moi. Leur point de ralliement est le gadin amoureux, qui leur donne l’opportunité de créer une tribu. Cette série courte, soutenue par un dispositif transmedia, tient compte des codes du net et propose un jeu à ses adeptes. Quant à la fiction Tv, elle est fondée sur le naturel et la spontanéité sur un mode cinématographique et contemporain.

Quelle est la genèse de votre projet ?

 

BC : Nous cherchions une idée populaire, qui nous fasse rire longtemps. Nous sommes tombées par hasard, (grâce à un monteur vidéo), sur un DVD américain de conseils de séduction très sérieux, qui nous expliquait qu’il fallait se laver et se déodoriser sous les bras, pour se donner une chance de rencontrer l’âme sœur. Un bijou dans le domaine du pitoyable, on a adoré. On a foncé sur l’Eloge.

Comment avez-vous connu « la bourse formats innovants » ?

BC : Parce que Stéphanie fouille partout et repère les bonnes idées. Nous avons joué la première cession, il fallait avoir l’œil, Stéphanie en a quatre.

 

SG : En tant qu’auteur, je fais beaucoup de veille internet sur le sujet, et j’ai vu la création de la Bourse annoncée sur le site de la SACD / Association Beaumarchais.

Il existe une multitude d’aides au développement. Pourquoi avoir choisi celle d’Orange et de Beaumarchais ?

 

BC : Sincèrement, nous n’avons pas remarqué qu’il existe une foule d’aides au développement. L’association Orange et SACD est suffisamment innovante et remarquable pour être celle à tenter en priorité. De plus, nous considérons l’évolution d’Orange comme extraordinaire. Quand à la SACD, c’est notre maison et nous lui faisons confiance. Ensuite nous avons tenté le CNC. Nous sommes assez classiques, finalement.

 

SG : Nous étions pile au bon stade de développement et notre projet cadrait avec le descriptif. Mais vu que c’était la première édition, nous n’avions pas de retour sur cette bourse en particulier. Nous avons essuyé les plâtres avec bonheur !

Quels sont les éléments de votre projet qui ont fait la différence selon vous ?

BC :L’alliance de l’absurdité d’une situation quotidienne, développée avec une certaine légèreté dans le traitement. Le tout, présenté avec pas mal de rigueur. Difficile pour nous de savoir vraiment, ce qui fait la différence. Il faudrait demander aux différents jurys, peut être ?

Cela dit, nous savons que l’Eloge du Râteau navigue au sein d’un petit univers bien à nous qui à l’avantage de tous nous refléter. Et je vais peut être vous paraître gonflée, (tant pis, je me lâche), mais nous n’avons jamais douté, sur le fait que nous retiendrions l’attention du Jury de Beaumarchais et du CNC, quand nous avons présenté le projet. Quant à la réaction d’Orange, ça été une bonne surprise.

SG : C’est un sujet universel, traité sur le ton de la comédie. Le jury s’est forcément retrouvé dans les personnages, et le ton a suscité l’adhésion. C’est un tout : l’idée, la capacité à rassembler du sujet, et la faisabilité du projet, qui ont joué. En plus, il y avait sûrement beaucoup de projets pas vraiment transmédias à la base, présentés à cette première session. C’est souvent quelque chose qu’on nous dit, que notre projet est écrit transmédia et que c’est rare.

Comment c’est déroulé votre accompagnement avec Orange ? Quelle valeur ajoutée dégagez-vous de cette expérience ?

 

 

BC : D’abord, Orange est une maison innovante qui propose de services allant de la téléphonie mobile à l’Orange Box. Son catalogue cinématographique est remarquable, ces choix de co-production, bien inspirés. Quand on est scénaristes, on est sensibles à ses distinctions-là. Ensuite, lors du grand oral d’Orange, notre Jury a appuyé sur les failles du projet, avec une certaine adresse. Nous avons réagi immédiatement. Enfin, la SACD et Orange nous donnent des nouvelles régulièrement, nous dirige vers d’autres expositions possibles, comme La Nuit des Médias et nous suivent sérieusement. La création de la Master Class qui doit avoir lieu en avril à la Gaité Lyrique en est bien la preuve. Le Transmadia Lab nous épaule fortement et c’est très encourageant. Etre soutenu par Orange est un atout considérable.

 

SG : Beaucoup de sympathie de part et d’autre ! Un sérieux très appréciable dans le suivi du côté d’Orange. Ils ne nous ont pas lâchés dans la nature, ils sont toujours là, et mine de rien, ils sont notre partenaire le plus stable sur ce long chemin du développement et de la mise en production.

Où en êtes-vous aujourd’hui dans la concrétisation de « Eloge du râteau » ?

 

BC : L’équipe est complète et nous avons grâce à notre productrice Brigitte Coquelle, réalisé un teaser vidéo des Chasseurs de Râteaux. Nous recherchons le diffuseur

de la série courte, capable de soutenir l’idée avec un dispositif transmedia. Notre productrice communique le concept et discute actuellement avec un ou deux diffuseurs dont, Orange bien sur.

Quels sont vos projets pour la suite ?

BC : Nous espérons travailler concrètement sur l’ « Eloge du Râteau » le plus vite et le plus longtemps possible. C’est notre priorité. Stéphanie cherche un distributeur pour son long métrage, pour lequel elle a l’avance sur recettes, et je viens de boucler le dossier de mon documentaire qui se déroule dans les vignes chinoises. Sinon, nous aimerions renouveler notre expérience de «script doctor », sur les formats courts, nous sommes prêtes à travailler ensemble sur des travaux de commandes, pleins de contraintes, nous permettant d’aborder d’autres univers.

 

Pour conclure, pouvez-vous nous donner votre vision du storytelling transmedia et ses perceptives de cette approche ?

 

SG : Il nous semble que l’intérêt du storytelling transmedia, provient du fait qu’il change à chaque projet. Nous retrouvons aussi la notion d’auteur qui nous est cher. Chaque projet est unique et particulier, et donc écrit de façon unique et particulière. Il nous semble aussi que tout reste à faire, et qu’il y a encore trop peu de véritable transmedia pour en dégager de grandes lignes. Mais les projets qui aboutissent, sont toujours des projets forts. Sans doute y a-t-il peu de vrai transmedia, parce que cela demande beaucoup d’intervenants, et donc une vision d’ensemble, et une armada de savoir-faire et de capacités techniques, que seuls de grands groupes comme Orange peuvent apporter.

 

Crédit Graphique : Mapple

 

Dans le cadre de sa participation aux « Bourse Orange / Formats innovants », le vous propose une série d’entretiens avec ses lauréats. Prochain rendez-vous avec les auteurs du projet Lâchez Les Hanimaux.

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auteur Vincent PUREN

Passionné des nouveaux médias ainsi que des tendances numériques, j'ai rejoint l'équipe du TransmediaLab début 2012. Je suis également éditeur du blog Buzzmania depuis 2010 et rédacteur chez Presse Citron autour des thématiques de l'advergaming, des médias sociaux et de l'E-Business.