La Campagne à vélo : le web à deux roues !

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par Oriane Hurard, publié le 21.02.2012

Le 6 février dernier, deux hommes ont bravé les températures négatives et sont partis de la porte de Clignancourt pour 90 jours et 3500 km de périple à vélo. Quelle lubie leur est donc passée par la tête ? Celle de nous raconter les présidentielles autrement : voilà tout l’enjeu de « La Campagne à vélo », web-documentaire original visible uniquement sur les réseaux sociaux.

 

 

 

 

Décryptage du projet avec Voyelle Acker, responsable adjointe de l’Unité Nouvelles Écritures et transmedia de France Télévisions.

C’est un secret de polichinelle : depuis quelques années Internet a envahi la sphère politique, particulièrement depuis les dernières campagnes présidentielles. Après la « blogosphère » en 2007, cette année c’est Twitter qui se trouve au cœur de tous les enjeux, entre crispation politique et infotainment, quitte à se lasser rapidement des provocations de ou autres DM fails d’. Heureusement, pour remonter le niveau, voici et , nos deux reporters à bicyclette !

 

 

 

Les présidentielles autrement

Tout commence en 2002 avec Raphaël Krafft, journaliste pour France Culture, qui réalise des reportages sonores lors d’un premier trajet à vélo.

Il récidive cinq ans plus tard et livre alors son récit quotidien sur un blog (fermé depuis)qui sera ensuite adapté en livre, Un petit tour chez les Français, paru en 2008.

Il est rejoint en cette année électorale, par Alexis Monchovet, réalisateur et associé de la boîte de production Play Prod avec Stéphane Marchetti, pour concevoir et réaliser , un road-movie présidentiel diffusé par Francetv info et France bleu, avec la participation de Rue 89.

L’Unité Nouvelles écritures et du transmedia de France Télévisions a été immédiatement séduite par ce concept mêlant vélo et présidentielles, comme en témoigne Voyelle Acker, responsable adjointe de l’unité :

« La Campagne à vélo correspondait à notre envie de montrer les présidentielles sous un angle nouveau. Quand Raphaël Krafft, Alexis Monchovet et Stéphane Marchetti sont venus nous voir, nous avons trouvé leur idée très originale ; le point de vue et l’investissement des auteurs nous ont ensuite convaincus de nous embarquer avec eux ! »

 

Entre le Tour de France et Antoine de Maximy

 

Du 6 février au 6 mai, trois mois pour partir à la rencontre des Français, à travers un itinéraire qui va parcourir (presque) toute la France. A mi-chemin entre le Tour de France et l’émission culte J’irai dormir chez vous, l’idée est de partir, sur deux fois deux roues, à la rencontre des habitants, de connaître leur France à eux et ce qu’ils pensent de toute cette politique. Chaque nuit, ce sont les habitants, sympathisants ou internautes qui offrent le gîte et le couvert, soit de manière spontanée, soit en proposant leur foyer sur Facebook ou par . C’est cette interaction, au cœur du processus, qui fait tout le sel de l’histoire et de la web-série documentaire qui se construit kilomètre après kilomètre, à raison d’un épisode hebdomadaire de 5 minutes.

 

 

Le suivi quotidien est assuré sur la , sur les deux comptes Twitter de nos héros journalistes et via une innovation ludique : la possibilité de géolocaliser les deux vélos en temps réel sur une grâce au traceur GPS intégré aux vélos.

 

 

Ce webdoc est l’occasion d’expérimenter un nouveau genre pour la chaine : comme l’a fait Arte en juin dernier avec sa fiction , La Campagne à vélo n’est visible que sur le plus populaire des réseaux sociaux.

« Au départ, l’idée n’était pas de tout présenter sur les réseaux sociaux », nous explique Voyelle Acker. « Un dispositif plus classique était même prévu, avec un site dédié. Finalement, l’exigence de légèreté du dispositif a fait que nous avons décidé de privilégier les réseaux sociaux, pour permettre aux deux cyclistes de poster rapidement et facilement eux-mêmes des photos, des vidéos, des instantanés de voyage, en quelque sorte. »

Facebook et la page constitue donc le principal support de visibilité et de diffusion du programme. La carte GPS et la websérie sont toutes deux disponibles via une accessible depuis la page, et l’essentiel de l’animation de la communauté se fait également par ce biais. Twitter est également mis à contribution sur ce point : tandis que les comptes des journalistes postent photos et réactions à chaud, le compte renvoie régulièrement sur les contenus postés sur Facebook.

Avec Facebook comme support principal, et l’idée de déplacement quotidien, ce programme d’un nouveau genre va à la rencontre des habitants, en sachant s’adapter à eux et au terrain. « La force et l’originalité de ce projet, c’est sa souplesse qui lui permet de faire évoluer son dispositif au fur et à mesure de l’avancement des deux reporters à vélo », précise Voyelle Acker. « Deux semaines après le lancement, nous avons décidé d’ajouter un portfolio reprenant les meilleures photos de la semaine, nous sommes en train de créer une chaine Dailymotion intégrant le player de Francetv info, et nous allons passer bientôt à deux épisodes par semaine. »

 

Une innovation ludique et réussie

 

Avec ce projet, France Télévisions marque une avancée nette dans le développement de nouvelles formes audiovisuelles. En choisissant de se rattacher non pas à une des chaines du groupe public, mais à la jeune marque France tv info, le projet fait le pari du « tout-web » et de la nouveauté.

La Campagne à vélo est également une réussite esthétique et technique : on se surprend à suivre le tracé des cyclistes journalistes sur la carte, et à attendre avec impatience le nouvel épisode racontant, avec poésie et acuité, les rencontres faites au cours de leur épopée.

Après la fin des trois mois de campagne à vélo, France Télévisions n’exclue pas la possibilité de faire une version documentaire longue de l’aventure. « Cela se fera en fonction des rushes récoltés, et aussi des envies de l’antenne » conclut Voyelle Acker.

Un bel exemple de création web indépendante et ambitieuse à laquelle on ne peut que souhaiter bonne route !

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auteur Oriane Hurard

Actuellement chargée de coordination de Transmedia Immersive University, laboratoire de formation et de création initié par Jérémy Pouilloux (La Générale de Production). Auparavant, Oriane a passé neuf mois chez Happy Fannie en tant que Community manager sur le feuilleton transmedia "Fanfan2, Quinze ans après". Encore avant, elle a écrit son mémoire de fin d’études sur l’écriture transmedia dans la fiction française, avec lequel elle a été diplômée du Master de Production Audiovisuelle et Numérique de l’Ina SUP

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