Etude de cas : Assassin’s Creed, une franchise transmedia I/2

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par Ana Vasile, publié le 17.11.2011

Dans la foulée du lancement officiel du jeu vidéo Assassin’s Creed Revelations, le dernier jeu centré sur Ezio, l’assassin italien, nous ne pouvions résister à l’envie de vous parler un peu plus de cette saga qui totalise plus de 28 millions d’unités vendues dans le monde. Enquête sur ce phénomène qui est devenu une véritable franchise transmedia où chaque brique aide à l’expansion d’un univers riche ancré dans l’Histoire européenne.

Les origines d’Assassin’s Creed

Sorti en 2007 sur la PS3, Assasin’s Creed, conçu dans les studios d’Ubisoft Montréal est un jeu d’action où l’aventure et l’infiltration se mêlent dans une histoire inspirée par des faits historiques. Le premier opus de cette saga nous transporte dans la Jérusalem de 1191 après JC pour incarner Altaïr, un assassin d’élite chargé de mettre un terme aux hostilités en s’attaquant à la fois aux Croisés et aux Sarrasins. L’enjeu de l’aventure n’est pas des moindres, car des actions du joueur dépendra le déclenchement de la Troisième Croisade pour le contrôle de la Ville Sainte.

Si les critiques restent mitigés, les ventes sont au rendez-vous : dès la première semaine d’exploitation, Assassin’s Creed vend, plus d’un million d’exemplaires – une performance largement supérieure aux attentes, comme le soulignait un communiqué de l’éditeur. Selon Ubisoft, Assassin’s Creed s’est écoulé à huit millions d’exemplaires à travers le monde, toutes plateformes confondues. Patrice Désilets – réalisateur du jeu – estime aussi que 30 à 35 millions de personnes ont joué au jeu, en tenant compte des locations et du marché de l’occasion.

L’univers Assassin’s Creed

Au delà des critères de jouabilité et de réalisation, Assassin’s Creed a réussi à faire mouche en puisant son inspiration dans une période historique qui fascine toujours et en mettant en avant un personnage charismatique. Mais une telle recette ne suffit pas à faire naître un univers riche et ceux qui sont rentrés dans le jeu ont pu se rendre compte que la trame d’Assassin’s Creed cachait de nombreux mystères et pouvait ouvir sur de nombreux développements…

La véritable histoire commence en 2012 avec pour protagoniste de la saga Desmond Miles, un barman américain tenu prisonnier par Abstergo Industries, une entreprise pharmaceutique créée par l’Ordre des Templiers.

Desmond n’est pas un patient ordinaire : il garde dans son ADN des informations précieuses sur ses ancêtres, des données cruciales que les scientifiques d’Abstergo essayent de récupérer grâce à des expériences sur la mémoire génétique. En utilisant une machine baptisée « Animus » Desmond revit les actions de son ancêtre Altaïr et dans le deuxième opus du jeu, celles d’Ezio.

Ce côté science-fiction à contre-pied de la saga des assassins est un des ingrédients de l’univers qui a le plus séduit le public. Mieux encore, le parcours de Desmond, qui remonte le temps pour revivre les aventures médiévales de ses ancêtres, fait penser à la propre immersion du joueur dans l’univers. De tels effets miroirs ne sont pas si fréquents et les joueurs savent les apprécier. L’essence de la saga ainsi posée, les portes pour explorer plus avant cette meta-intrigue ne manquaient pas.

Assassin's Creed Hero

Patrice Désilets, le réalisateur des jeux, expliquait pour Ecrans.fr que dès la fin du développement du premier jeu il avait envie de continuer les aventures de Desmond. « J’avais l’impression d’avoir ouvert tout plein de portes et j’avais hâte de pouvoir en fermer quelques-unes. Pour moi, Assassin’s Creed est beaucoup plus qu’un jeu, c’est tout un univers que nous avions créé et j’avais simplement hâte d’y revenir. J’avais hâte de voir où le tout allait nous amener sur le plan créatif… »

C’est pourtant à partir du lancement du deuxième jeu que nous pouvons vraiment parler de transmedia pour cet univers. Même si le premier jeu voit deux déclinaisons lui succéder, Altaïr’s Chronicles et Bloodlines, elles restent des « réalisations sous licence » qui n’auront pas marqué les esprits.

Avec Lineage, une série de plusieurs courts-métrages qui précède la sortie d’Assassin’s Creed II, diffusés sur internet et sur NRJ 12, l’approche multi-plateformes devient indéniable : l’histoire commence sur un support pour évoluer vers un autre… À partir de cet instant, Assassin’s Creed va adopter une stratégie multiplateforme en se lançant dans la création de BD et de court-métrages qui vont enrichir son univers bien au delà des moyens de promotion classiques des jeux vidéos ( sites officiels destinés à chacun des trois jeux sortis pour les consoles, une multitude de , et des jeux destinés à cette plateforme).

Cette stratégie est aujourd’hui récompensée : Assassin’s Creed est devenu le sujet de nombreux sites et wikis créés par les fans, et même de fan-fictions…

Assassin's Creed timeline

Chronologie d'un succès

Premières exploitations de la licence

 

Assassin’s Creed: Altaïr’s Chronicles

Sorti en 2008 sur Nintendo DS puis en 2009 sur iPhone (rebaptisé depuis Assasin’s Creed HD), le jeu est développé par Gameloft et édité par Ubisoft.

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Le jeu se concentre exclusivement sur le jeune Altaïr et sur les événements qui prennent place en 1190, en plein cœur de la troisième croisade. Altaïr’s Chronicles ne décline pas l’histoire du premier jeu pour les consoles portables, mais préfère dévoiler la jeunesse du personnage principal.  Mais en laissant de côté la méta-intrigue SF, sans impact sur la trame générale, cette déclinaison n’est pas considérée comme un pilier de l’univers.

 

Assassin’s Creed Bloodlines

Assassins-Creed-Bloodlines-PSP-Sorti en novembre 2009, en même temps qu’Assasin’s Creed II et développé par Griptonite Games pour la PlayStation portable, Assassin’s Creed : Bloodlines est le dernier volet qui présente les aventures d’Altaïr. Cet épisode est conçu comme en lien avec le prochain jeu de la saga des assassins et propose d’éclaircir certains mystères laissés en suspens dans le premier volet. Conçu comme la suite des événements du jeu Assassin’s Creed, Bloodlines met en scène Altaïr qui doit se rendre à Chypre afin de poursuivre l’élimination des templiers.

Premiers pas dans le transmedia

 

Assassin’s Creed : Lineage

Réalisée par Ubisoft et diffusée peu avant la sortie d’Assassin’s Creed II, Lineage est une série de plusieurs courts-métrages diffusés sur Internet et sur NRJ 12.

Ces court-métrages apportent des éclairages sur la famille du personnage d’Ezio et donc ses motivations. Le premier épisode de la série Lineage a été diffusé pour la première fois, le 26 octobre 2009 sur Youtube et vu par plus de 1,1 million de visiteurs, soit  à l’époque la meilleure performance d’une vidéo YouTube dans les 24 heures suivant sa mise en ligne. Les deux autres épisodes ont, quant à eux, cumulé 250 000 visiteurs.

Les films présentent l’histoire du père d’Ezio, Giovanni Auditore, son opposition aux Templiers et sa tentative d’éviter l’assassinat comploté contre le duc de Milan. La suite des événements a lieu dès le début d’Assassin’s Creed 2.

La série met en scène le même univers que le jeu Assassin’s Creed II et certains acteurs ont même prêté leur voix au jeu pour mieux fondre les deux intrigues en une même fresque.

 

Assassin’s Creed II

Assassins Creed IILe deuxième jeu sorti en novembre 2009 sur Xbox 360 et PS3 est accueilli par la presse et par les joueurs avec enthousiasme. L’histoire se situe cette fois dans l’Italie de la Renaissance, avec un tout nouveau protagoniste : Ezio Auditore da Firenze. Assassin’s Creed II dépasse même en ventes son prédécesseur, en ayant vendu plus de 1,6 million d’exemplaires à travers le monde au cours de sa première semaine de disponibilité et finit sa vie avec près de 9 millions de ventes mondiales.

 

 

Assassin’s Creed : le premier tome de la BD

En novembre 2009 Ubisoft publie le premier tome de la bande dessinée d’Assassin’s Creed disponible seulement en France et en Belgique. Intitulée « Desmond », la BD explore les raisons de l’emprisonnement de Desmond Miles dans un laboratoire expérimental secret et ultrasécurisé.

BD Assassin's Creed : Desmond

Editée par « Les Deux Royaumes », la maison d’édition créée par Ubisoft, cette série de BD n’est pas  considérée comme un simple outil promotionnel par le studio de jeu. Pour preuve, Corbeyran et Defali connus pour la série Stryges sont placés aux commandes du projet avec l’objectif d’éclairer toujours plus les zones d’ombre de l’univers.

Dans le tome 1, les passionnés peuvent ainsi en apprendre plus sur Desmond Miles et ses ancêtres Altaïr et Ezio, mais aussi sur le célèbre patient 16 dont les symboles avaient excité la curiosité d’une bonne partie de la communauté.

Ce qui explique le succès de cette franchise transmedia, ce sont justement ces détails parsemés dans l’univers de l’histoire et qui peuvent devenir l’intrigue d’un autre récit complémentaire. Jeff Gomez les identifiait en tant que « distant mountains », des éléments qui sont perçus comme lointains, sous jacents qui donnent envie d’aller plus loin et qui prouvent la richesse d’un univers.

 

Assassin’s Creed II : Discovery

assassin-s-creed-discovery-nintendo-dsSorti sur Nintendo DS et sur iPhone, en même temps que le jeu Assassin’s Creed II, Discovery est développé par Griptonite Games. Ce jeu d’action vous plonge dans la peau d’Ezio Auditore qui doit se rendre en Espagne pour sauver ses confrères assassins et déjouer un complot des templiers.  Si la version DS d’Assassin’s Creed qui mettait en scène Altair, le protagoniste du premier jeu, était une préquelle qui dévoilait les débuts du personnage, Discovery n’est rien d’autre qu’une histoire parallèle.

 

 

Avec le lancement de Assassin’s Creed III : Revelations, l’univers transmedia créé par Ubisoft a de nouveau le vent en  poupe. Découvrez les derniers enrichissemens de l’univers et ses évolutions dans la suite de notre étude de cas

 

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auteur Ana Vasile

Ana Vasile est rédactrice pour Transmedia Lab. Diplômé d’un Master Pro en Communication Multimédia et Audiovisuel de l’Institut de la Communication et des Médias à Grenoble, elle travaille en agence de publicité pendant plus de deux ans dans un département de création. Ana a contribué au développement de la politique éditoriale et à la rédaction d'articles au sein de l’équipe du Transmedia Lab de janvier à novembre 2011.