par Alain Bezancon, publié le 20.03.2012

Depuis août 2009, Emotein est un nouveau modèle de storytelling sur le thème de l’évolution de la place des émotions dans le monde. Le projet utilise différents moyens d’expression permettant d’aborder la thématique et l’histoire (Emotein) à travers le prisme de multiples approches et expériences. La vidéo, le livre, la pièce de théâtre, les objets, les interviews, les photos, la musique sont autant de moyens indépendants et complémentaires permettant d’appréhender l’univers d’Emotein. La vision est déclinée à travers des créations originales présentées via des supports numériques (site web, eBook, podcast, app iPhone) dont la finalité est d’initier des évènements et des rencontres dans le monde physique.

 

La Genèse du concept

 

Le brevet du siècle : La mémoire de l’eau

> Nos larmes contiennent-elles une mémoire d’émotions ?

> Consommer des émotions pour vivre plus

> Commercialiser les larmes

> Emotein

 

 

 

Les Créations

Emotein place la démarche de création et d’expérimentation dans toutes les dimensions du projet : dans les concepts abordés, les technologies employées et les supports de diffusion utilisés.

 

VIDEO

Elle est au coeur du projet Emotein. Les clips conçus et optimisés pour les mobiles (Smartphones, Tablettes, iPods) sont présentés en format portrait. Les vidéos HD sont présentées sur le site Emotein, dans une application iPhone spécialement développée pour le projet ainsi qu’en illustration du livre audio.

 

LIVRE

« Le voleur de larmes » est une nouvelle écrite dans le cadre du projet Emotein présentant un monde où les émotions disparaissent pour faire place au commerce des larmes et des émotions qu’elles contiennent. La nouvelle est diffusée sous forme de livre numérique et de livre audio. L’ouvrage est disponible en téléchargement sur le site Emotein  ainsi que sur de nombreuses autres plateformes numériques (iBookstore d’Apple, Barnes & Noble, iTunes, Feedbooks, Smashwords, Kobo, etc). Le texte est également offert avec l’application iPhone Emotein.

 

PIÈCE

L’univers dramatique d’ “Emoshow” est celui de la nouvelle “Le voleur de larmes” et présente un personnage perdant sa capacité à vivre des émotions et cherchant par tous les moyens à conserver son humanité en consommant de l’Emotein. L’objectif de la pièce est de permettre au public d’aborder les thèmes du projet Emotein à travers une  expérience vivante destinée à provoquer émotions et réflexions.

 

INTERVIEWS

Des experts de différents domaines (biotechnologie, histoire de l’art, sociologie, pharma- cosmétique, neurologie, psychiatrie) ont été interviewé pour donner leur éclairage sur les thèmes de fiction abordés par Emotein. Les retranscriptions écrites des interviews sont disponibles sur le site Emotein et l’application iPhone. Les versions sonores accompagnent le livre audio.

 

PHOTOGRAPHIES

4 séries de photographies au format portrait sont présentées sur le site Emotein.  Elle ont été réalisées durant le tournage des vidéos et présentent également des sujets inspirés des autres créations comme les lacrymatoires ou encore un personnage du livre “Le voleur de larmes”.  Les photos sont disponibles sur le site Emotein et l’application iPhone.

 

MUSIQUE

Une composition originale a été écrite pour Emotein. Elle est utilisée pour les vidéos, le livre audio et l’application iPhone.

 

DESIGN

L’équipe d’Emotein a conçu des objets originaux (lacrymatoires en verre soufflé ainsi qu’une robe en soie sauvage) qui ont été par la suite  fabriqués sur-mesure par des artistes et des artisans. Certains ont été utilisés comme accessoires de la vidéo et d’autres sont des créations dérivées des concepts présentés.

 

Retour d’Expérience

 

QUANTITATIF

Le projet n’étant pas de nature commercial, sans commanditaires et non rattaché à une enseigne renommée, les contenus numériques gratuits ont été diffusés sans faire l’objet d’une quelconque promotion. Dans ce contexte il est intéressant de mesurer les retours quantitatifs « spontanés » associés aux types de contenus à travers les différentes plateformes.

Après un peu plus de deux ans de présence en ligne, c’est finalement le livre « Le Voleur de larmes » dans sa déclinaison numérique (eBook) qui semble connaître le plus fort trafic suivi de près par la version audio au format podcast.  L’absence d’outils statistiques précis sur les différentes plateformes ne permet que d’obtenir des ordres de grandeur. Ainsi le nombre de téléchargements de l’eBook (français et anglais) est estimé à 30,000 et à 20,000 pour la version audio.

Le classement de l’eBook et du podcast sur les différents sites donne également une information sur la popularité.  Ainsi en mars 2012, le « Voleur de larmes » se place dans le top 20 des livres gratuits sur iTunes France, dans le top 15 toutes catégories confondues sur Feedbooks (eBook) et dans le top 20 des podcasts littéraires sur iTunes France.

Les autres contenus (vidéos, photos, musique, interviews) sur les autres plateformes (internet, app store) semblent avoir été noyé dans la masse, en particulier pour les versions anglaises où les contenus sont bien sûr beaucoup plus nombreux.

Avec les technologies utilisées et la variété des plateformes il est très difficile d’évaluer les effets de synergie entre les contenus comme par exemple le nombre de personnes ayant téléchargé le livre numérique qui ont ensuite consulté les vidéos.

 

QUALITATIF

Chaque éléments de contenu étant une expérience en soi et ces éléments étant dispersés sur différentes plateformes, il est difficile de mesurer l’impact de l’effet de synergie ou de  complémentarité que peuvent avoir les contenus entre eux et ainsi d’évaluer la nature de l’expérience narrative pour l’audience.

En revanche, la multiplication des canaux de diffusion ainsi que le bilinguisme ont permis de rejoindre une audience internationale et de lui offrir de nombreux points d’entrée dans l’univers d’Emotein avec la bonne surprise du « succès » des livres numériques et audio.

Du point de vue du processus de création de cette production, il est intéressant de souligner que les réalisations des contenus se sont influencées et enrichies mutuellement. Les équipes de créateurs ont travaillé en même temps sur leurs projets respectifs avec une communication permanente entre eux. Ainsi par exemple des éléments du livre en cours de rédaction on été utilisés pendant le tournage du film qui lui-même a inspiré le design de la robe qui a été ensuite portée par un mannequin (de silicone) qui par la suite est devenu un élément du livre.

Malgré la mise à disposition gratuite des contenus, les créateurs du projet ont pu constater à travers les commentaires du public que les attentes en termes de qualité sont aussi élevées que pour du contenu payant.

Dans un univers numérique où tout est accessible gratuitement ou quasi-gratuitement et copiable à l’infini, la valorisation de l’expérience dans la réalité et son caractère unique prend une nouvelle dimension. C’est pour cette raison que le projet Emotein accorde une place importante à la création d’événements physiques. Il s’agit de créer une immersion plus ou active dans l’univers d’Emotein à travers par exemple la pièce de théâtre, le bar des émotions (happening), l’assemblée générale des actionnaires de la compagnie Emotein (réalité scénarisée), la création de plats de cuisine moléculaire (expérience sensorielle). La création de ces expériences physiques est le prolongement du projet qui poursuit sa vie au fil des rencontres et de la participation de passionnés qui souhaitent s’associer à cette oeuvre.

Pour conclure, Emotein est aujourd’hui un « passeport » émotionnel unique ouvrant la voie à de nouvelles rencontres et réalisations. Les créateurs d’Emotein inscrivent leurs nouveaux contenus de « storytelling transmédia »dans un courant défini par la montée qualitative des supports technologiques (iPad 3 Retina par exemple), la recherche de sens et le besoin de vivre une expérience unique et complète (numérique et réelle).

 

Références

Article sur Emotein par le Laboratoire de Recherche sur les Œuvres Hypermédiatiques

Article sur « Le voleur de larmes » dans Libération du 8 juillet 2010